« J’ai cru, explique l’auteure, à tous les discours qui mêlaient le paradis à la résurrection, la mort à l’enfer, et l’éventualité de devenir riche aux hasards de la loterie. »
Quelle loterie ? Celle de la Française des Jeux ou celle du destin ?
Michèle Cointe déclare encore : « Le souvenir reste : c’est écrit sur les tombes, au cimetière. »
L’ouvrage évoque les années 1950, celles du grand chambardement urbain et sociétal, comme on dit aujourd’hui.
« Aux lieux détruits de la cité-jardin, les hommes qui étaient devenus vieux en quelques semaines perdaient déjà leurs mots : remises, grillages, ficelles, barrières, résédas… Et leurs fils visitaient les salons automobiles pour acheter une voiture à crédit. »
Le jouet Pinocchio, automate avec une clef dans le dos pour remonter le mécanisme, était le début de l’ère des robots, en somme.
« Les souvenirs sont comme les archives, rarement isolés… », clame encore l’auteure. Et, d’ajouter : « J’ai toujours su qu’il n’y aurait ni Mercurochrome ni remèdes pour guérir la blessure des enfants des camps derrière les barbelés. (…) Quelle nécessité de comprendre rivalise avec l’insoutenable ? »
Celle, entre autres, d’être entre les pattes crasseuses d’un pédophile à l’âge de 11 ans !
Et, après cette révélation, ce constat : « Je me demande encore par quel miracle, après avoir grandi au lieu de dépérir, un enfant s’épanouit au lieu de se faner et devient adulte prêt à tellement de renoncements pour être aimé. »
Pour ma part, je sais une chose : il y a des livres qui grandissent le lecteur !
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