vendredi, décembre 6, 2024

La Mémoire encerclée de Michèle Cointe (Albin Michel)

« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.

« Naître et grandir dans un milieu d’ouvriers ou de petits employés n’est pas un bon endroit pour accumuler de merveilleux souvenirs d’enfance », lit-on dans la préface de l’ouvrage « La Mémoire encerclée » de Michèle Cointe (Albin Michel). Et, comme cette citation m’interpelle personnellement, mon intérêt pour cet ouvrage autobiographique s’est accru et je partage quelques passages de ce livre qui sont assez marquants, selon moi.

« J’ai cru, explique l’auteure, à tous les discours qui mêlaient le paradis à la résurrection, la mort à l’enfer, et l’éventualité de devenir riche aux hasards de la loterie. »

Quelle loterie ? Celle de la Française des Jeux ou celle du destin ?

Michèle Cointe déclare encore : « Le souvenir reste : c’est écrit sur les tombes, au cimetière. »

L’ouvrage évoque les années 1950, celles du grand chambardement urbain et sociétal, comme on dit aujourd’hui.

« Aux lieux détruits de la cité-jardin, les hommes qui étaient devenus vieux en quelques semaines perdaient déjà leurs mots : remises, grillages, ficelles, barrières, résédas… Et leurs fils visitaient les salons automobiles pour acheter une voiture à crédit. »

Le jouet Pinocchio, automate avec une clef dans le dos pour remonter le mécanisme, était le début de l’ère des robots, en somme.

« Les souvenirs sont comme les archives, rarement isolés… », clame encore l’auteure. Et, d’ajouter : « J’ai toujours su qu’il n’y aurait ni Mercurochrome ni remèdes pour guérir la blessure des enfants des camps derrière les barbelés. (…) Quelle nécessité de comprendre rivalise avec l’insoutenable ? »

Celle, entre autres, d’être entre les pattes crasseuses d’un pédophile à l’âge de 11  ans !

Et, après cette révélation, ce constat : « Je me demande encore par quel miracle, après avoir grandi au lieu de dépérir, un enfant s’épanouit au lieu de se faner et devient adulte prêt à tellement de renoncements pour être aimé. »

Pour ma part, je sais une chose : il y a des livres qui grandissent le lecteur !

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