« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.
Une fois n’est pas coutume, il est question d’une nouvelle avec l’ouvrage « Un proviseur dans la tourmente » de Larbi Adouane publié chez Edilivre, dont on signale la confiance mise dans un sujet très délicat, même si on regrette quelques coquilles, ce qui n’enlève rien au fond d’un récit poignant, bouleversant, révoltant parfois, d’une histoire inspirée d’un fait réel qui se déroula en pleine « décennie noire », celle des années ’90, dans cette belle terre de Kabylie.
Un atypique proviseur d’un établissement scolaire d’une ville côtière algérienne, deviendra, malgré lui, la plaque tournante d’une situation qui, brusquement, passa de la sérénité au drame.
Dans cette cité où les habitants parlaient un mélange de berbère, d’arabe, de turc et de français, où cohabitaient les mosquées et les bars, le proviseur s’attachait à mettre en œuvre des principes d’épanouissement dans une mixité consentie, en accord avec les enseignants et les parents, où les étudiants apprenaient à travailler ensemble, à gérer eux-mêmes un foyer et des comités de représentants, où les activités culturelles et sportives étaient mises en évidence, à côté, bien entendu, des rigueurs des programmes des études.
Même les dogmes religieux étaient débattus sous forme de dialogues et non d’affrontements, les relations entre la direction et les délégations syndicales étaient, quant à elles, harmonieuses.
Bref, transparence dans la gestion, climat serein, beaux taux de réussite au Bac, ardeur au travail, respect mutuel et démocratie primaient au lycée d’El-Bordj, château ou citadelle en français.
Et puis, soudain, ce cri : « Nadir est mort ! ». L’agent de maintenance gisait au pied d’une volée d’escaliers de l’internat.
Suicide ? Chute accidentelle ? Meurtre ? Malaise ? Trouble mental ?
Peu avant, le gentil, serviable et travailleur Nadir avait brusquement changé et se montrait agressif, irrespectueux, ne reconnaissant même plus l’autorité. Cette métamorphose était-elle un signe avant-coureur de sa mort violente ? « La nature humaine restera encore longtemps un gouffre d’incompréhensions », souligne l’auteur.
À fortiori, quand le proviseur tomba des nues face à la rumeur qui enflait et faisait de lui le coupable du drame.
« Notre destin est-il réellement entre nos mains ou est-il inscrit d’avance dans nos gènes ? » interroge avec justesse Larbi Adouane.
Assurément, un livre puissant qui pousse à la réflexion sur la société et l’âme humaine.
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