jeudi, mars 28, 2024

Un parfum de fleur d’oranger de Gilles Laporte (Les Presses de la Cité)

« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.

Voici un roman qui, de la 1ère à la 450e page, vous prendra aux tripes et à l’âme et vous mènera très probablement vers une réflexion profonde concernant le destin de certaines personnes déracinées de leur terre natale et qui, malgré une indéniable réussite professionnelle forgée à la force des poignets dans leur pays d’accueil, sont encore trop souvent considérées comme profiteuses et intruses. Mais, il n’y a pas que ça dans ce roman poignant et l’histoire contée par Gilles Laporte sous le titre d’« Un parfum de fleur d’oranger » fait incontestablement partie de ces ouvrages que l’on recommande sans la moindre réticence à ses amis !

Une histoire qui s’étire de 1883 à 1945 et qui a pour principal personnage Valturno Palazzi, compagnon  du travail, victime du despotisme de son père qui décide de confier à l’aîné de ses sept enfants la gestion d’un domaine de 300 hectares de vignes à San’t Ambrogio de Valpolicella. Il y chasse Valturno avec l’ordre formel de gagner la Lorraine. Ce qu’il fait, malgré son attachement à la belle Giulietta et l’enivrante et inoubliable fragrance de fleur d’oranger nichée dans sa nuque et entre ses seins qui, après avoir promis de le suivre, disparut de la circulation sur le chemin vers la France.

Arrivé dans une petite cité lorraine, après quelques péripéties et avoir démontré la valeur du travail compagnonnique sur la Côte d’Azur, il bâtit sa vie professionnelle sur un seul concept : « Créer du beau et du bon dans ce monde ».

Alors, on assiste à sa mise en œuvre, de chantier en chantier, grâce à l’entreprise Palazzi, spécialisée en taille de pierre et la construction, à sa vie sentimentale aux côtés de la jolie et battante Marie-Louise, dite Malou, de l’arrivée de Victor, son fils « déposé » par Giulietta, sa mère, des ravages de 14-18, qui devait être la « Der des Ders », de la montée du fascisme et du nazisme, d’une menace du nom de « Mostaganem » où le premier mari de la Malou, assassiné,  avait été impliqué, de la révolte du prolétariat…

Avec ce nouveau roman de Gilles Laporte, on retrouve la puissance des mots, l’attention portée à la description des êtres et des lieux, on vibre aux sentiments dégagés par les acteurs, surtout de femmes extraordinaires, et comment ne pas être touché par cette phrase : « Le courage des ouvriers et leur savoir-faire sont une source inépuisable de liberté, leur solidarité le seul moyen d’établir dans le monde la fraternité… »  et celle, tellement d’actualité : « Quand un ouvrier fait d’une pierre brute une pierre cubique, quand il en polit les faces, quand il l’ajuste aux autres pièces, il œuvre pour l’éternité. Même si des fous de guerre la détruisent… »

 

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