jeudi, mars 28, 2024

L’Appel des drailles de Christian Laborie (Omnibus)

« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.

Quand on aime on ne compte pas ! Quelle excellente idée développée par les Éditions Omnibus de publier trois romans de Christian Laborie (pour le prix d’un !) avec, au total, près de 950 pages qui se veulent une vaste découverte du « Bonheur dans les Cévennes » : « L’Appel des drailles », « Les Drailles oubliées » et « L’Arbre d’or ».

Véritable déclaration d’amour portée par l’auteur à sa région d’adoption depuis plus de quarante ans, lui qui quitta le plat pays flamand où les beffrois sont les uniques montagnes dans un paysage fait de canaux, de prairies, de champs, de polders et de nombreux clochers, avec « L’Appel des drailles », il est d’abord question d’Antoine, un berger qui, durant quatre à cinq mois quitte femme et enfants pour les besoins de la transhumance et de l’estive. S’il mène une existence de serf attaché à la glèbe sans espoir de s’en libérer, il ne se plaint jamais et préfère semer du rêve sur son passage.

Comme un rituel, chaque première nuit en cette fin de XIXe siècle qu’il passe dans la nature sauvage et grandiose, il dort à la belle étoile entre ses chiens, son âne et ses 1.500 à 2.000 brebis.

Au village, Adeline, son épouse trime et compose avec le diktat imposé par le châtelain, maître des terres, des hommes et des animaux, et elle est aux prises avec les assauts malsains et violents d’un régisseur.

Mais les temps évoluent, faudra-t-il faire une croix sur les sentes, pentes herbues, châtaigniers, bouleaux et conifères d’altitude pour faire place aux usines et à leurs fumées nauséabondes, au bruit des moteurs, à la noirceur de l’asphalte et à la course à l’argent ?

Antoine va-t-il devoir travailler sans le contact avec la nature, faire le deuil de valeurs séculaires qu’il pensait laisser en héritage à ses enfants ?

« Les moutons marchent lentement sur les chemins tracés depuis des millénaires, mais ils savent où ils vont », dit Antoine à l’un de ses fils, devenu pasteur comme lui. Mais, jusques à quand ?

Outre une saga familiale intense, parfois dramatique, quelquefois pleine de bonheur, ce premier ouvrage de la trilogie explique le choix : maintenir la tradition ou se tourner vers le modernisme, voire tenter d’harmoniser les deux ?

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