Le principe essentiel de l’action de la désobéissance civile qui, rappelons-le, est non violente, est celui de la non-coopération, explique Jean-Marie Muller dans « L’impératif de désobéissance » (Éditions Le Passager clandestin). Ce principe repose sur un élément majeur : dans une société, ce qui fait la force des injustices, c’est la complicité, qu’elle soit passive, volontaire, résignée ou forcée, de la majorité silencieuse des citoyens.
La résistance pacifiste vise à rompre cette complicité.
La contrainte devient effective à partir du moment où les actions de la non-coopération parviennent à tarir les sources du pouvoir des autorités établies, qui n’ont plus les moyens de se faire respecter et obéir, pour imposer l’injustice, des sévices, des diktats, la violence autant morale, psychique que physique.
Certes, c’est plus facile à dire qu’à faire, mais maints exemples historiques, cités dans nos trois précédentes chroniques sur le même sujet, confirment que c’est possible, à plusieurs conditions.
Ces conditions sont : avoir un objectif clair, précis, limité et possible, afficher clairement sa volonté de non-violence, savoir que toute action collective réclame, à la fois, une organisation souple et rigoureuse, et, situation stratégique importante, que prendre la parole de manière raisonnable, non violente, juste, voire humoristique, est déjà prendre le pouvoir.
Il faut, bien entendu, convaincre l’opinion publique, ce qui n’est pas aisé non plus.
Mais, les décideurs veillent au grain : « Force reste à la loi » et, alors, répression et procès sont au programme. Des solutions sont proposées : mobiliser au maximum une forte minorité de citoyens qui affirmeront leur solidarité avec les « désobéisseurs » et tenter de faire des juges des alliés.
Désobéisseurs responsables oui, coupables non !
La nuance est grande est primordiale. Voyez, donc, au bout de longues années de procès et d’amendes, le sort réservé à Antoine Deltour, lanceur d’alerte considéré comme le « Père des LuxLeaks » qui, en mai 2018 a été quasiment acquitté sur toute la ligne par la Cour d’appel du Grand-Duché de Luxembourg.
En définitive, il faut que le peuple renverse la vapeur et devienne plus fort que le gouvernement qui veut lui imposer des lois moralement inacceptables et injustes.
Car, comme le prétend Jean-Marie Muller, faute de parvenir à briser le ressort du mouvement par la répression, le pouvoir n’a guère d’autre issue que de rechercher une solution négociée.
Dès lors, chacun est invité à résister sur son lieu de travail, dans son quartier, en profitant de tous les moyens que sa position met à sa disposition pour les retourner contre le pouvoir illégitime.
Précision de l’auteur du livre : La gauche alternative suscite une nouvelle réflexion sur la désobéissance civile. Dès lors, la présente chronique se fait en partenariat avec le magazine POUR dont, rappelons-le aussi, le slogan est : « Pour écrire la liberté » !
Podcast: Download