jeudi, octobre 10, 2024

« Cathédrale » de Chantal Dupuy-Dunier (Éditions Pétra)

« Chaque fois que je découvre l’architecture d’une cathédrale, je demeure saisie d’admiration pour ses bâtisseurs. Quelque chose, qui est indépendant du fait religieux – l’auteure de cet écrit se dit d’ailleurs devenue « incroyante » -, me fascine, me baigne, me parle. Je sais le passage sous l’édifice de cours d’eau semblables au langage poétique, de lignes de forces agissantes à l’image de la poésie. Je sais les bâtiments érigés sur les vestiges d’autres bâtiments, dans un lieu identique, souvent sacré bien avant Jésus-Christ. Je sais l’âge des pierres, leurs vies successives.

(…) Mythes et histoire coexistent dans les cathédrales, ce qui les rapproche encore davantage de l’imagerie poétique.

(…) Si j’étais née, ou j’avais grandi dans une autre culture, j’aurais écrit ‘‘Mosquée’’ ; ‘‘Temple’’, ‘‘Synagogue’’, ou ‘Temple bouddhiste’’. Des édifices comme Sainte-Sophie d’Istanbul (qui fut une église), la Synagogue de Jéricho, le Temple de la Montagne parfumée creusé dans le rocher, pourraient assurer le même rôle, porter une symbolique analogue. »

Suivent ces explications de la poétesse Chantal Dupuy-Dunier, auteure de Cathédrale (Éditions Pétra), quelque trois cents pages de textes, souvent magnifiques, parfois surprenants dans leur présentation, jamais futiles, que du contraire !

Il s’agit de trois suites logiques dans l’érection d’une cathédrale moyenâgeuse : le choix du terrain à bâtir selon un rituel bien précis, la construction et la contemplation du chef-d’œuvre, le tout agrémenté d’extraits de textes de Victor Hugo, Claude Baudelaire, Charles Péguy, François Villon, François-René Chateaubriand, Paul Claudel, Gérard de Nerval, entre autres.

Ce livre est une sorte d’ode à ce Patrimoine extraordinaire qui ne laisse personne indifférent, tels ces passages spécialement choisis :

« Un bâton à la main

je traçais des signes dans le sable.

Le bâton que je tenais

possédait le pouvoir de chanter.

Il était l’archet de la terre. »

et

« Bertrand le Bourguignon et Géraud l’Hirondelle[1],

poètes de la pierre,

Vous vous êtes posé les mêmes questions,

Avez ébauché les mêmes réponses.

Bâtir était votre écriture

et  cette cathédrale

une enluminure sur la page du ciel (…) »

[1] Premier et deuxième Maîtres d’Œuvre.

Musique : Michaël Mathy.

 

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