lundi, mars 18, 2024

Gérard de Nerval déboulonné !

Que je vous explique ma lecture du Voyage de Nerval récemment paru aux Éditions La Déviation.

D’un côté, Gérard de Nerval (1808-1855) présenté comme une figure majeure du romantisme et nouvelliste français du XIXe siècle, ésotériste et symboliste, clamant qu’il croyait à au moins dix-sept religions. Ses dernières années furent vécues dans la déchéance matérielle, physique et psychique. Il se serait suicidé à l’âge de 47 ans.

De l’autre côté, Denis Langlois, encore bien vivant, lui, avocat et écrivain, militant pacifiste, objecteur de conscience, observateur judiciaire international lors de procès politiques, Prix littéraire des droits humains. Il est l’auteur du Voyage de Nerval.

Entre eux deux, ce livre en forme d’analyse minutieuse, pointue, un ouvrage passant au crible d’une critique rigoureusement argumentée de Voyage en Orient, des Nuits du Ramazan, de Druzes et Maronites, de Scènes de la vie orientale : les Femmes du Caire, puis les Femmes du Liban, écrits par ledit Nerval, celui qui fut considéré à son époque comme un « voyageur érudit ».

L’analyse de Denis Langlois est aussi le résultat d’une longue présence sur le terrain, c’est-à-dire le Liban, ce qui permet à celui-ci de mettre les choses au point. Au poing, même.

Ainsi, au fil de ses 210 pages, n’hésite-t-il pas à justifier le « déboulonnage » de ce Nerval, qui, je le répète, encore considéré comme un « grand » de la littérature française.

Alors, fusent les « charlatan », « faux-cul », « Judas ! » et « plagiaire », des propos tels, « Je doute, Nerval, que ton écrit soit exact. Toi, tu te contentes d’une description passe-partout… », ou, encore « Pauvre Nerval, quelle minable explication indigne de toi ! Quelle justification de faux jeton ! », « Assez. Tu nous lanternes, Nerval », « Tu exagères toutefois et je trouve même que tu es franchement indécent… »

Denis Langlois évoque aussi l’achat d’une esclave par Nerval, qu’il fut traité de « renégat » pour avoir soutenu le dernier roi de France, Louis-Philippe, avant de retourner sa veste et d’aborder la cocarde de la démocratie.

Avant de clôturer son livre, l’auteur se rendit au Père Lachaise, là où Alexandre Dumas, Nadar, Théophile Gautier, entre autres, payèrent une concession pour que Gérard de Nerval puisse reposer en paix pour l’éternité.

Est-ce le cas, lui qui est à trois pas, de l’autres côté de l’allée, où repose Honoré de Balzac ? Encore tout un symbole ! Ce qui n’empêche pas Denis Langlois d’être aussi confraternel, voire admiratif à certains moments à l’égard du poète décédé il y a plus de seize décennies.

Pour conclure, Le voyage de Nerval est un livre qui m’a incontestablement plu, car, loin des pamphlets qui pullulent davantage sur le ton peu crédible de messages de réseaux sociaux et qui ne servent qu’à assouvir les fantasmes de décervelés, le récit de Denis Langlois est toujours finement écrit, avec humour et tendresse parfois, mais avec une rigueur de juriste s’appuyant sur des faits avérés. Et, croyez-moi, pour utiliser une formule bateau : son livre se lit comme un roman !

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