jeudi, avril 25, 2024

Ne plus vivre à genoux

Depuis de très nombreuses années, j’apprécie la collection Terres de France des Presses de la Cité. Certes, il s’agit souvent de romans dits de « terroir », mais que l’on ne s’y trompe pas, il n’est pas question de faire l’apologie d’un nationalisme à la Pétain ou Zemmour, du moins dans ce que j’ai lu.

Un kibboutz en Corrèze de Jean-Luc Aubarbier est la démonstration que la solidarité et la fraternité citoyennes peuvent supplanter le fascisme, même celui véhiculé par les autorités. Mais, ce n’est pas facile à mettre en place, comme le développe l’auteur qui s’est basé sur des faits historiques au cœur du village de Nazareth en Corrèze, avec en filigrane « Nuit et brouillard » chanté par Jean Ferrat : « Ils s’appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel, certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vichnou, d’autres ne prient pas, mais qu’importe le ciel, ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux. »

À genoux, justement, c’est la photo de couverture qui montre un jeune couple sur les genoux échangeant un tendre baiser parmi les bottes de foin lors de la fenaison.

Alors ? Qu’en est-il dans les 465 pages de cette histoire ?

En 1933, de jeunes allemands, garçons et filles, juifs, communistes, intellectuels, fuient le nazisme prôné par Hitler et débarquent à la ferme Valbénac dans ce village situé à une dizaine de kilomètres de Brive :

  • Ce sont des boches ! lance un villageois.
  • Ce sont des juifs allemands et communistes ! surenchérit un nanti que l’on dit plus influent que, le maire, lui, favorable à l’arrivée de ces jeunes.
  • On est envahis par les youpins ! conclut une paroissienne.

Deux à trois mois plus tard, alors que la jeune communauté allemande forme un kibboutz, Albert Malaterre, sous-préfet de Brive, arrive à la ferme et, du haut de sa prestance d’émissaire de la République, déclare à David, le responsable de cette ferme-école destinée à former des jeunes pour gagner le Moyen-Orient : « Vous attirez ici une cohorte d’étrangers, des gens plus ou moins indésirables qui peuvent mettre en danger l’ordre public… »

Inutile de dévoiler davantage la trame de ce roman exceptionnel que tous les citoyens se devraient de lire afin qu’ils puissent argumenter davantage leur opposition aux idées nauséabondes qui circulent de plus en plus avec une banalité affligeante dans notre société.

Sauf, peut-être, que Sarah, membre de la communauté, fréquente de plus en plus Frédéric, le fils du sous-préfet, et ce sont eux deux qui s’embrassent dans le foin, jusqu’au moment où cet amour est aux prises avec les sbires du nazisme et du pétainisme.

L’un s’engage dans la résistance gaulliste, l’autre dans la résistance communiste, Albert Malaterre doit rendre des comptes à la Libération, et Frédéric, lui, attend avec angoisse Sarah, devenue son épouse, déportée à Auschwitz après un séjour à Drancy…

 

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