Soit un ouvrage qui évoque principalement la révolution sexuelle des années soixante-dix et la nouvelle religion, selon lui, l’hédonisme avec son lot de culte de l’ego, de comportements à la Gainsbourg, celui qui inventa le terme « décadanse » où, écrit-il, Ménie Grégoire qui sévissait sur les ondes de Radio Luxembourg s’obstinait à vouloir faire des ménagères des machines à produire des orgasmes en rafales.
Amour dit libre, contraception, IVG, consommation et spectacularisation du corps, la belle et érotique Emmanuelle, Françoise Sagan, Brigitte Bardot, Jeanne Moreau et les autres, masturbation, couplisme, l’amour au féminin, la féminisation, l’abolition du patriarcat, tout, vraiment tout, est passé à la moulinette par Patrick Buisson.
C’est bien écrit, il faut être objectif, c’est super documenté, reconnaissons-le.
Parfois, cela fait s’esclaffer. Un rire parce que ça fait marrer ou, alors, un rire en forme de sarcasme.
Ainsi, quand l’auteur, en parlant de celle qui fit fantasmer des hordes d’hommes, c’est-à-dire Brigitte Bardot, il la présente comme une figure féminine de désordre qui va contribuer à infléchir les comportements amoureux et comme un produit raffiné de la haute bourgeoisie catholique, donc, une BB à l’érotisme insolite et insolant, ce n’est que l’apéro avant le plat principal.
Celui du bon vieux ultra conservatisme que nous avons pourtant tenté de balayer en Mai 68. En vain, à lire Patrick Buisson.
Sous le titre « Éloge à la masturbation », voici sa prose : « Outre le débat sur l’orgasme, la question de la légitimation de la masturbation focalise l’attention de tous ceux qui, à un titre ou l’autre, prétendaient au monopole de la manipulation symbolique des conduites privées. La répression de l’autoérotisme comme celle de la jouissance féminine appartenaient à cet ancien monde qui avait pour fondements la maîtrise de soi, la retenue et la dignité. »
Et, une dernière citation pour le dessert et le pousse-café, voulez-vous ? Accrochez-vous.
« La grande force du catholicisme avait été d’installer l’amour humain comme la figure par excellence de l’amour divin, le projet de Dieu sur les hommes qui se donnait à voir en lui et d’ajouter ainsi à l’expérience affective des couples ce supplément d’âme auquel le lien qui unissait les époux devait sa transcendance et sa sacralité. »
Eh bien, sincèrement, je suis content d’avoir vécu jusqu’à présent, c’est-à-dire 77 ans, pour lire ça.
Et, quand l’épilogue de cette brique a pour titre « Chant funèbre pour une génération maudite », je me dis que j’ai bien eu du mérite à vous parler de ce livre.
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